Un jeune immigré, ouvrier saisonnier, revient de la douche dans un camp temporaire mis à disposition par la Croix-Rouge italienne à Campobello di Mazara. Ces douches sont des exceptions dans la vie des travailleurs migrants. (Nicola Lo Calzo)
Abdul, jeune Ivoirien résidant en Sicile depuis 2016, sur la plage de Mondello à Palerme : «Je suis arrivé à Palerme le 28 avril 2016. J’étais à l’école dans mon pays natal. Je rêvais de venir en Europe pour étudier, pour jouer au foot et pour avoir un avenir meilleur. J’ai quatre frères. J’ai voyagé avec ma tante qui actuellement est à Paris. J’ai décidé de rester à Palerme parce que je me sens bien ici. Nous avons traversé la Côte-d’Ivoire, le Burkina Faso, le Niger et la Libye en bus. J’ai passé un mois et trois semaines en Libye. Nous, les mineurs, on ne nous frappait pas donc mon séjour s’est bien passé. La traversée depuis la Libye a duré trois jours. On est partis à 1 heure dans la nuit et à 6 heures du matin, on est arrivé dans les eaux internationales. Puis, on a été sauvés par un bateau de sauvetage qui nous a emmené directement à Palerme où je vis depuis deux ans. Je vais bientôt commencer une école de tourisme. Si je termine les cinq ans, je peux également me diplômer en France. Parmi les Italiens, il y a ceux qui sont racistes et ceux qui ne le sont pas. Parfois, quand tu veux jouer au foot, ils te disent nivuru [«noir» en dialecte sicilien, ndlr]. Malgré cela, je me suis fait beaucoup d’amis. Dans ma première communauté d’accueil, le centre pour mineurs Luigi Capuana, j’ai été le seul noir, les autres étaient tous des Italiens. J’ai passé un an là-bas. Actuellement, je joue dans une équipe de foot qui s’appelle Terzo Tempo où je suis le numéro 10.» (Nicola Lo Calzo)
A gauche, Andy, activiste mauritanien, pendant une rencontre organisée par Arte Migrante à Ballarò, à Palerme.
A droite, sur le port de Palerme, un activiste pour les droits humains lors d’une manifestation pro-migrants contre la politique xénophobe de Matteo Salvini. (Nicola Lo Calzo)
L’Imperial, un atelier de couture traditionnelle ivoirienne de Ballarò à Palerme. (Nicola Lo Calzo)
Moussa et Pambino à l’intérieur d’une des chapelles de l’église de Gesù de Palerme, en 2018. La place où se trouve l’édifice religieux est l’un des lieux les plus fréquentés par les migrants à cause de sa proximité avec le centre d’accueil Astalli et l’association Porco Rosso. (Nicola Lo Calzo)
Amadou, demandeur d’asile sénégalais à Palerme : «Je suis arrivé ici en 2013. Je suis né en Casamance et j’ai grandi à Dakar. On a traversé le désert et beaucoup de pays, dont le Mali, le Niger et la Libye avant d’arriver au port de Palerme. J’ai d’abord été logé à Piana degli Albanesi [une commune à une vingtaine de kilomètres de Palerme, ndlr]. Ensuite, je me suis installé à Palerme. J’espère qu’un jour, j’aurai mes papiers. Pour l’instant, je les attends. On part souvent en dehors de la ville travailler à la campagne. Dans trois jours, je dois aller à Campobello di Mazara pour la cueillette des olives. Pour nous, le travail est souvent hors de Palerme. Ici, on est très mal payés, chez les Chinois, on travaille vingt-quatre heures par jour pour 15 euros ou 20 euros la journée. Les Italiens y travaillent pour 25 euros. C’est pour ça qu’on préfère sortir de la ville. Dans les champs, on peut gagner 40 euros, 50 euros en une journée, mais les conditions sont très dures. Il n’y a pas d’eau courante ni d’électricité. Les gens habitent dans des tentes, parfois on est à trois ou à quatre dans une tente pour une personne..» (Nicola Lo Calzo)
A gauche, Cham, assis devant Daouda et Sefora lors d’une fête au Cantieri culturali della Zisa, un lieu public d’activités culturelles et sociales à Palerme.
A droite, une image votive de Benoît avec l’enfant Jésus, disponible à la boutique du couvent de Santa Maria del Gesù. (Nicola Lo Calzo)
Sangare Moussa, rappeur malien résidant à Palerme, derrière la statue de Nicolò Turrisi Colonna qui fut maire de la ville en 1881 puis 1887, dans les coulisses de la vidéo «Un giorno, questi volti» de Martino Lo Cascio, performance de l’association Nottedoro. (Nicola Lo Calzo)
A gauche, un détail d’un tableau de Benoît à genoux devant la Madone, anonyme et non daté, se trouvant au couvent de Santa Maria di Gesù où le corps de Benoît est conservé.
A droite, Philippe Koussan, ivoirien et résidant en Italie depuis huit ans, pose sa main sur la pierre tombale dédiée à Saint-Benoît dans la sacristie du sanctuaire qui lui est dévoué à Santa Maria di Gesù. (Nicola Lo Calzo)
Cette série est exposée à CAMERA, Centro italiano per la Fotografia, à Turin du 27 juin au 18 juillet.